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Lorsque j’étais jeune et fringuant accompagnateur (ça remonte aux années 80), les Picos de Europa me faisaient fantasmer. Certainement le nom mais aussi les récits de quelques rares personnes y étant allées.


Je me demandais bien quelle montagne étrange pouvait se cacher derrière cette appellation ! Surtout qu’à l’époque l’Europe n’existait pas encore.

Entre montagnards, on disait tout simplement « les Picos » ou Pics d’Europe.

Toujours à l’époque, l’éloignement des Picos de Europa ne facilitait pas les choses. Pour y aller, il fallait être motivé. Pas moins d’un jour de voyage était nécessaire pour se rendre d’Hendaye au cœur des Pics d’Europe.


Les cartes étaient rares. Elles ne se prêtaient qu’entre gens de confiance. Elles étaient tellement fantaisistes que s’en servir, c’était prendre le risque de se perdre. Les conseils se prodiguaient sous le manteau et entre amis seulement. Hors de question de refiler le moindre tuyau à un concurrent potentiel.


Il se disait aussi que le temps y était horrible et qu’il fallait être fou de faire tant de kilomètres pour se tremper jusqu’au slip. Sans compter les ours et autres bêtes sauvages ! Ces affirmations sortaient le plus souvent de la bouche de pseudo montagnards parlant beaucoup dans les salons mais marchant peu. Je me suis rendu compte que plupart n’y étaient jamais allés.


Un jour, j’ai réuni quelques clients fidèles, chargé l’estafette poussive jusqu’à la gueule et mis le cap à l’ouest. Mon premier contact avec les Pics d’Europe s’est effectivement fait sous un rideau de flotte. Le lendemain, le temps s’est mis au beau et le soleil ne nous a plus quitté de la semaine.


Depuis, j’y suis souvent revenu et constaté que le temps n’était pas pire qu’ailleurs. Seul bémol, les quelques brumes qui montent en soirée avec la régularité d’un métronome. Paysage et gens s’enveloppent alors d’un manteau ouaté. Après une journée de soleil, c’est bon pour le teint. Tout le monde s’imaginait un géant caché derrière les montagnes actionnant un énorme brumisateur. Le Tinto espagnol titrant aux alentours de 14° ne devait pas être étranger à ce délire collectif.

Ma première rencontre avec le Naranjo de Bulnes m’a fait un effet boeuf.

Je m’en souviens encore. Le moins qu’on puisse dire est qu’il en impose. A ses pieds, au fin fond de la vallée, Bulnes, « el pueblo de los montañeros ». C’est d’ici que le 5 août 1904, partirent les premiers conquérants du Naranjo.


J’adorais par dessus tout dormir au refuge Veronica. Imaginez une tourelle de porte avion transportée jusqu’ici à dos d’homme en pièce détachée. Six places, pas d’eau mais un charme fou.

Une nuit inoubliable !


Depuis l’eau et les ans ont coulé sous les ponts mais la magie des Picos opère toujours sur moi avec la même intensité. Ils ne sont plus qu’à une petite demi journée d’autoroute. On peut même envisager d’y aller en week-end.

La montagne s’est humanisée. Les refuges ont gagné en confort sans perdre en convivialité.
La plupart sont gardés. Le réseau de sentiers balisés s’est étoffé. Les isards appelés ici « rebecos » sont toujours aussi nombreux et peu farouches. Broutant l’herbe tendre des « végas », ils semblent se foutre éperdument des bipèdes bariolés qui cherchent à les photographier sous tous les angles.
Pour moi une randonnée réussie se prolonge à table.
Sur ce point, la gastronomie des Picos de Europa réunit tous les éléments du succès.

La dégustation de Cabrales est un passage obligé. Les habitués des fromages insipides vivront ce moment comme une épreuve. Sa pâte persillée haute en goût et en odeur peut rebuter les palais délicats. Ne pas passer non plus à côté du cidre local. Le moins qu’on dire est qu’il est raide. Mais on finit par s’habituer. Il se boit dans un verre unique que l’on se passe de main en main. Très désaltérant ! Les bulles montant à la tête, un petit coup de cidre au refuge rend les pentes plus douces et les ronflements supportables. Difficile également d’échapper à la « fabada », plat unique à base de haricots du pays dans lequel on rajoute de la viande ou du poisson. Chacun ayant sa recette de la vraie « fabada », on peut en manger tous les jours sans se répéter.

Un article de Gérard Caubet

Accompagnateur en montagne et écrivain pyrénéiste

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